L’homme et ses contemporains
De son vrai nom Savinien Cyrano de Bergerac, celui qui reste connu sous le nom de Cyrano de Bergerac a été baptisé en 1619 à Paris, il n’est donc pas gascon. Il meurt en 1655, à l’âge de 36 ans. La date de mort du Cyrano réel et du Cyrano fictif correspondant, on peut donc penser que le personnage a 21 ans au début de la pièce. Son patronyme (nom de famille) lui vient d’une terre que possédait sa famille et qui se situait en région parisienne.
Pour le situer dans l’Histoire, signalons que Molière est né trois ans après lui et qu’il a vécu essentiellement sous le règne de Louis XIII.
La préface d’une de ses œuvres publiée à titre posthume (après sa mort) écrite par son ami Le Bret nous donne quelques éléments sur sa vie dont nous savons peu de choses.
Cyrano s’engage dans l’armée et il est probable que lui et son ami Le Bret aient servi dans ce qui est commun de nommer « Les cadets », c’est-à-dire de jeunes engagés volontaires qui venaient sans recevoir d’argent à l’armée pour y apprendre le métier des armes. Cependant, « Les Cadets de Gascogne » sont une invention de Rostand.
Cyrano a participé au siège d’Arras. Le mari de sa cousine Madeleine Robineau, le baron de Neuvillette figure au nombre de victimes. Après ce triste événement, celle-ci se retirera de la vie mondaine. On ne dispose d’aucune source valable pour penser que Cyrano était amoureux de sa cousine, d’aucuns pensent qu’il était homosexuel.
Guiche, autrement appelé le duc de Gramont, pair et maréchal de France, militaire d’origine gasconne, a également participé à ce siège. Il était connu pour ses penchants séducteurs.
Personnages secondaires
Le Bret vante à plusieurs reprises les talents de duelliste de son ami Cyrano. Il aurait défendu le poète satirique Lignières, qui a critiqué nombre de ses contemporains dans ses écrits, contre une centaine de spadassins. Dans son Art poétique, Boileau qualifie Lignières de « grand descendeur de bouteilles ». Il aurait néanmoins été trop jeune pour intervenir dans l’intrigue de l’acte I ; en 1640, il n’avait que 14 ans. L’anecdote du bénitier (Lignières aurait bu l’intégralité du bénitier où son amante avait trempé le doigt) serait véritable.
Montfleury était un comédien très apprécié notamment de Richelieu mais dont Cyrano ne dresse pas un portrait flatteur dans ses lettres.
« [Ragueneau] était le meilleur homme du monde. Il faisait crédit à tout le Parnasse, et quand on avait point d’argent, il était trop payé, trop satisfait et trop content quand seulement d’un petit coup d’œil, on daignait applaudir à ses ouvrages. » D’Assoussy Il finit ruiné et se retrouve engagé dans la troupe de Molière où il ne reste pas, étant très mauvais comédien.
L’auteur Cyrano de Bergerac
L’histoire comique des états et empires de la Lune et L’histoire comique des états et empires du Soleil sont ses deux œuvres les plus connues, et racontent des voyages imaginaires. Ces voyages permettent de critiquer de manière indirecte la société dans laquelle Cyrano vit et témoignent de son esprit de libre-penseur. La scène 13 du troisième acte où le personnage de Cyrano retient de Guiche en prétendant être tombé de la Lune est clairement inspirée de cette œuvre.
Sa pièce Le pédant joué -un pédant est un homme prétentieux. Le titre signifie donc : l’homme prétentieux à qui on a joué un tour- a inspiré à Molière la célèbre scène de la galère dans les Fourberies de Scapin. On trouve dans cette pièce le premier personnage à s’exprimer en patois sur scène (à notre connaissance) procédé de comique de mots dont Molière usera plusieurs reprises. Il faut se rappeler qu’à cette époque, le droit d’auteur tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existait pas et qu’il n’était pas mal vu pour un auteur de reprendre des éléments d’œuvres préexistantes. Au contraire, chez les Classiques, il était de bon ton de s’inspirer des auteurs de l’antiquité.
Pour finir un conseil de lecture : la passionnante série de Bande Dessinée de Cape et de Crocs qui fait intervenir le véritable Cyrano de Bergerac en tant que personnage.