Les combats de chevaliers sont un passage obligé du roman de chevalerie. On retrouve dans ces combats plusieurs caractéristiques notables parmi lesquelles une grande violence.
Voici un extrait du film « Sacré Graal » des Monty Python, reprise parodique de la légende arthurienne. Ce passage met en scène le roi Arthur et le mystérieux chevalier noir. On peut y voir une caricature de l’extrême violence des combats dans les romans de chevalerie. Suivent deux extraits d’Yvain ou le chevalier au lion pour que vous puissiez comparer (celui que vous avez étudié et un autre).
Combat 1
Chacun a une lance dure et forte et ils se donnent de si grands coups qu’ils transpercent tous deux leurs écus suspendus à leurs cous, que leurs hauberts se déchirent, que leurs lances se fendent et volent en éclats et que les tronçons sautent en l’air. Ils s’attaquent à l’épée, et, à force de frapper, ils finissent par couper les courroies des écus et par déchiqueter entièrement ces derniers, et par-dessus et par- dessous, si bien que les lambeaux en pendent et qu’ils ne peuvent ni s’en couvrir ni s’en protéger. Ils se frappent de leurs épées étincelantes sur les flancs, sur les bras et sur les hanches. Férocement, ils s’affrontent, sans jamais bouger de la même position, pas plus que s’ils étaient deux rochers. Jamais encore deux chevaliers n’avaient été aussi acharnés à hâter leur mort.
Ils n’ont aucune envie de gaspiller leurs coups, car ils les assènent du mieux qu’ils peuvent. Les heaumes se cabossent et fléchissent et les mailles des hauberts volent, si bien qu’ils s’ôtent pas mal de sang. […]
À la fin, monseigneur Yvain fendit en quatre le heaume du chevalier. Sous l’effet du choc, l’autre fut ébranlé comme par un coup de tonnerre et vidé de sa force ; il se trouva paralysé. Jamais encore il n’avait essuyé un coup aussi terrible : notre héros lui avait fendu la tête jusqu’au cerveau, au point que les mailles de son haubert brillant étaient teintes de cervelle et de sang. L’autre en ressentit une si grande douleur qu’il s’en fallut de peu que son cœur ne lui défaillît. S’il s’enfuit, il ne se mit pas dans son tort, car il se sentait blessé à mort ; il ne lui servait à rien de se défendre. Se ressaisissant, il s’enfuit aussitôt vers son château à bride abattue.
Combat 2
Les deux champions, ayant pris du champ, s’élancèrent. Dès le premier choc, ils brisent leurs grosses lances de frêne.
Heaumes et écus furent bosselés et fendus, et les lames furent émoussées, car ils frappaient à toute volée, non pas du plat, mais du tranchant et du pommeau sur les naseaux et sur le cou, sur le front et sur les joues, leur chair en était bleuie et le sang était caillebotté sous les meurtrissures. […]
Ils ont tant peiné que leur armure ne tient plus. Alors ils se tirent un peu en arrière pour reprendre haleine. Mais leur repos est court, et plus farouchement que jamais ils se courent sus l’un à l’autre.
Ceux qui regardaient la bataille disaient qu’ils n’avaient jamais vu chevaliers de tel courage. Ils combattirent encore longtemps, si longtemps que le jour déclina vers la nuit. Tous deux avaient le bras fatigué, leurs corps devenaient dolents, et le sang bouillant leur sortait de mainte blessure, et coulait par-dessous le haubert. Ils souffraient terriblement, et sentaient le besoin de se reposer, et chacun pensait, à part soi, qu’il avait enfin trouvé son pair. Le combat fut suspendu.